Les récentes déclarations de Maître Augustin Senghor, président de la Fédération sénégalaise de football et ancien premier vice-président de la CAF, ont jeté une lumière crue sur les tensions qui traversent aujourd’hui le football africain. Derrière ses mots, parfois amers, se cache une réalité plus complexe, qu’il nous appartient d’aborder avec responsabilité.
Non, le Maroc, ni sa fédération royale de football, ne complote pas contre le reste du continent et encore moins contre Me Senghor. Il agit. Il investit. Il accueille. Il partage. Là où certaines fédérations peinent à maintenir un championnat local ou à offrir un stade praticable à leur sélection nationale, le Maroc met ses infrastructures, ses compétences et ses moyens au service du collectif. C’est un choix politique. Un choix stratégique. Mais aussi un choix panafricain. Car le Maroc ne travaille pas pour lui seul, mais avec et pour les autres.
Accuser un pays frère, une fédération et son président de tous les déséquilibres de notre football relève d’une vision courte et, osons le dire, dangereusement réductrice. Le football africain mérite mieux que des règlements de comptes. Il mérite une vision. Il mérite du courage. Et il mérite qu’on dise toute la vérité.
La vérité, c’est aussi le rôle que la FIFA joue dans les affaires politiques de la CAF depuis 2017. Qui a piloté la mise sous tutelle de la CAF ? Qui a imposé des réformes statutaires, parfois en écartant les groupes linguistiques comme critère électoral ? Qui a défini les conditions de certaines candidatures présidentielles ? Ce ne sont pas les fédérations africaines. Et ce n’est pas le Maroc. C’est la FIFA.
Vouloir rétablir l’équilibre continental, revendiquer une meilleure représentation des zones linguistiques ou géographiques est une démarche légitime. Mais il faut pour cela du courage politique, de la cohérence, et une mémoire fidèle des faits. Pas des cibles faciles ni des raccourcis médiatiques. Et la mémoire des faits nous rappelle que Me Senghor et sa fédération n’ont fait opposition à aune réforme sur ses deux derniers mandats au sein du comité exécutif de la CAF, et que sa fédération a votée pour des réformes en Octobre 2024 qui clairement allaient changer la physionomie structurelle de la CAF et porter un coup majeur à son équilibre continental. Me Senghor qui aujourd’hui veut se faire une victime après avoir adopté la politique du silence ces dernières années fait de toute évidence partie des origines des problèmes qu’il soulève aujourd’hui parce qu’il a perdu les élections au poste de membre du conseil de la FIFA.
Le Maroc, comme d’autres nations engagées, est un partenaire stratégique dans la transformation du football africain. L’exclure du débat, ou le désigner comme responsable unique d’un supposé déséquilibre, c’est refuser de regarder en face les vraies racines de notre stagnation collective.
Aujourd’hui, il ne s’agit pas de défendre un pays contre un autre. Il s’agit de défendre l’idée d’un football africain plus fort, plus équitable, plus souverain. Pour cela, nous devons oser réformer en profondeur, questionner toutes les influences – y compris celles qui viennent de Zurich – et replacer la CAF au cœur de ses responsabilités.
Car l’Afrique ne peut pas continuer à revendiquer son indépendance économique et politique… tout en acceptant une dépendance silencieuse dans ses choix sportifs.
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